Les couples : Tinder ou Meetic? (initialement publié le 29/07/2024)

 La construction commence par la fabrication des couples qui sont les “côtes” du bateau sur lesquels seront fixées les membrures puis les panneaux de la coque..  Ils doivent être solides, ce sera donc plutôt Meetic que Tinder…

Les goussets et lattes sont d’abord poncés légèrement puis imprégnés à la résine (SR 5550 et durcisseur SD 5502 diluée à 1:0.7 en volume avec du EP217 Sicomin). Je décide de commencer par le plus petit, le “E”, celui à l’avant 

Les plans sont clairs, les lattes et goussets sont numérotés et répertoriés. 

la procédure : 

• ponçage
• impregnation
• reponçage au niveau des plans de collage
• positionnement à plat (notez les lattes en CP vissées à la table pour tout bloquer)

• arrondi des angles vifs à la défonceuse
• vérification des cotes et de la symétrie
• revérification des cotes
• t’es sûr des côtes?
• prépercage en 2.5mm avec foret avec une tête de  fraisage
• vissage en 4*30mm TORCX partiellement filletée A4.
• vérification des cotes
• preparation colle (epoxy SICOMIN SR5550 + Durcisseur lent SD5502 + ~10% charge de collage)
• démontage,  collage et revissage des goussets un à un
• vérification des cotes.
• ébavurage des excès d’epoxy à l’alcool à brûler

Résultat 4h pour le couple E avec ce résultat à la fin : 

les enseignements de ce premier couple : facile, trop facile. il doit y avoir un piège….

Le piège c’est le couple D, en arrière du E (facile, par l’ordre alphabétique… mais vous verrez plus loin qu’il y a d’autres pièges…

il paraît simple. c’est pour cela que je l’ai choisi après le E. Même process… mais tout ne se passe pas comme prévu et je n’arrive pas à faire matcher les cotes… car je n’ai pas tracé les axes de symétrie sur la table. et pour une raison inconnue (si : l’impatience…) j’ai collé avec cette asymétrie (5 mm) après 7 heures de mises au point infructueuses.

Après de nombreuses cogitations, je décide de le démonter et de recommencer en retenant que : 

• les cotes en diagonales sont difficiles à vérifier, mieux vaut se fier aux côtes “droites”
• il faut aligner sur un axe de symétrie en priorité les lattes
• il faut vérifier la symétrie des angles avec un rapporteur d’angle

pour démonter, je chauffe les vis au fer à souder : 

puis je dévisse lentement à la main. environ 30-40% des vis se cassent. 

puis je rabote les goussets

Je ponce le reste du gousset, sachant que c’est illusoire d’essayer de décoller

et je refais des goussets (facile, à la scie sauteuse), que je réimpregne, et on recommence ! 3h de démontage.

un collègue m’a dit qu’on pouvait aussi attaquer l’époxy durci au dichlorure de méthyle, mais après avoir regardé la fiche de données sécurité, je préfère m’abstenir…

C’est la première erreur, pas la derniere…

Attention à l’epoxy qui vient se mettre partout : je nettoie les outils à l’alcool à brûler après chaque utilisation. D’autres les emballent dans du cellofrais, mais c'est pas terrible pour la ventilation.

Les vis sont à tête TORX et filetage partiel. un peu plus cher, mais c’est tellement mieux que le philips, ca ripe pas… donc attention à bien utiliser le limiteur de couple de la visseuse sinon on foire tout le taraud dans le bois!. Et le taraudage partiel permet de ne faire qu’un seul prétrou. du temps de gagné!

Donc après avoir démonté le couple D, on le remonte…

Prochain couple, on a dit ordre alphabétique, donc ce sera le …. T, comme transom en anglais, ou tableau arrière. 

Là c’est complexe car beaucoup de goussets et de lattes, mais simple car un gabarit est gravé sur le tableau arrière. 

donc même process… 

vous noterez sur la photo le papier cuisson qui permet d’éviter de coller le tableau en CP aux lattes de la structure. (le tableau sera positionné une fois les membrures collées). 4 heures pour faire ce tableau.

vous noterez que je n’ai pas encore bouché à l’époxy chargé les têtes de vis, je ferai tout d’un coup plus tard..

Ayant pris goût aux gabarits, je continue avec le A (cockpit). Même procédure.

Vous noterez le rouleau de papier de 300m (je crois, je n'ai pas vérifié). Indispensable pour enlever les excès de colle. 

J’ai mis pas mal de serre joint, mais avec l’époxy, cela ne sert à rien de serrer trop fort, contrairement à la colle à bois.

Je commence par faire le couple constitué des lattes et des goussets, puis une fois fini, je visse et colle le panneau en CP. Ça ne risque pas de s’envoler. 3 heures pour ce panneau.

Attention ici aux serre joints premiers prix ! Le tirant se tord quand on le serre, du coup ça fait ripper les pièces! mauvais design. J’emprunte donc ceux des potes…

Ensuite vient le panneau S (on commence à bien insulter l’ordre alphabétique… ) S comme… Je sais pas. 

C’est le panneau d’entrée. Je laisse l’ouverture pleine car je mettrai un panneau de pont en acrylique de 500*700 plutôt que le 500*500 que certains utilisent (pas facile de rentrer dans le bateau avec un ciré avec cette taille) ou pire le panneau en bois prévu dans les plans d’origine)

Ce panneau est complexe car il est recto verso. Je commence par l’intérieur, facile grâce aux gravures : 

même principe de collage / vissage du panneau en CP. 

puis l’extérieur avec une difficulté : le chanfrein à 25° sur l’assise des banquettes de cockpit. Je les ai faits à la ponceuse à bande avec du grain 40. Avec un peu de patience ça marche.

5 heures passées sur le S

Ça commence à devenir routinier… les B et C sont les suivants…

4 heures pour le C, 2.5 pour le B. 

Sur le C ci-dessus, vous noterez le fil pour aligner le panneau sur son axe de symétrie, les mètres ruban pour vérifier les largeurs et le télémètre laser pour la hauteur. A piece of cake!

Le panneau  D’ comme Dernier… je ne sais pas pourquoi prime, peut-être avait-il été oublié par l’architecte? toujours est -il qu’il est important puisqu’il tient le mât.

une fois fini, il doit faire 30-40kg.

Le mat repose sur une traverse lamellée collée de chêne tenue par 2 poteaux et un support de quille. Ca devrait tenir. 8.5 heures sur le D’ : j’ai mis du temps à faire les encoches dans tous les supports de quille et sur la traverse. une scie à ruban aurait bien aidé…

Une fois ces couples presque terminés, je m’attaque au gabarit, presque fini en 6h. c’est sur ce gabarit que les couples seront montés à l’envers et que je viendrai coller les membrures et visser les panneaux de coque. Comme d’habitude je vérifie les cotes 3 fois avant de visser, je prends les angles droit à l'équerre de charpentier (de 70 cm, plus précis) et je me méfie des cotes car mes planches ne font pas la même épaisseur que sur le plan. et je me referai aussi un dernier contrôle dimensionnel avant de mettre les couples. Le bois n’est pas super sec, j’espère que cela ne va pas trop jouer. le plancher n’est pas super plat, mais je mets des cales.

Je n’ai pas fait le triangle avant car il faut l’installer avec le couple E et avant cela il faut que je bouche les trous de vis sur tous les couples à l’époxy chargé de Mixfill 10 : cet additif est de la silice pyrogénée tellement léger (100g/l)  que la balance ne détecte rien… il faut y aller au volume ou à la consistance et surtout, vue sa volatilité, un masque. mais il fait chaud donc le temps de travail par batch de résine est très court…

J’ai aussi oublié de faire le support du panneau S sur la gabarit… il faut que je repasse…. 

J’ai aussi changé d’atelier. Maintenant c’est le luxe en termes de surface. et il y a même une bétonnière pour faire de l'époxy en quantité… et des visiteurs très sympas!

Prochain épisode : la pose des couples sur le gabarit et les membrures. après les vacances, en septembre!

je termine ce post pour recommander chaudement le film sur l’aventure du CG #178 MERAKI : MERAKI: To do something with creativity and love

Exactement mon état d’esprit, avec le stress du timing serré en moins!

Ah, j'ai oublié : je vends la mort dans l'âme mon RS800.... https://www.leboncoin.fr/ad/nautisme/2973229639